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Côte d’Ivoire: quand des peuples se battent pour faire résister leurs culture et tradition; les adioukrou en font partie.

En pays Adioukrou, en Côte d’Ivoire, malgré l’usure du temps, la tradition se respecte et se vit.

Qui sont les adioukrou?

Les Adioukrou sont situés au sud non loin d’Abidjan, en république de Côte d’Ivoire. Un peuple autrefois très fermé qui vivait en autarcie. Ils ont pour nourriture principale, l’Attiéké, tubercule d’une extrême variété d’exploitation et de consommation.

Ce peuple qui se bat pour ne pas se faire avaler par l’extension de la ville d’Abidjan, a une belle tradition dont je vais vous en parler, modestement. Ils ont des noms rares et mignons à entendre, Esmel, Atchory, Melèdj, Fotai, etc. Une petite communauté, mais riche dans le savoir et leur bien-être. Même les noms des villages sortent de l’ordinaire, Léboutou, Yassap, Mopoyèm, Bodou…

Chez eux, on ne fait rien au hasard. Parlons des jeunes filles. Les Adioukrou qui se réclament du grand groupe akan, connaissent la hiérarchie socio-culturelle. Dans les temps anciens et jusqu’à ce jour, des règles sont bien établies, les régissent, et il est très difficile de les pénétrer pour les découvrir aussi facilement.

La culture adioukrou

Les filles, dès l’apparition de leurs premières menstrues, on les regroupe pour les purifier, les laver et procéder à des libations. Elles sont formées aux tâches ménagères, de la gestion d’un foyer à la famille. Au cours de cette phase importante, c’est un grand honneur pour les familles dont les jeunes viennent de subir l’onction de cette initiation.

C’est rare, vraiment très rare, de voir des jeunes filles adioukrou, prendre des grossesses non désirées, parce qu’elles sont suivies par leur mère.

Ointes d’une rare beauté, les femmes adioukrou sont des travailleuses, qui donnent l’impression de supporter le poids de toute la famille. Du matin au soir, bénéficiant des belles plages, sur le sable fin et blanc, elles se mettent à des tâches qui les retiennent tellement qu’elles n’ont pas le temps de vadrouiller. Quand elles se marient et font des enfants, elles sont chouchoutées, pouponnées avec le bébé, qui doivent rester au chaud avec toutes les attentions de la famille. Quand elles n’ont pas procréé, elles sont sveltes, avec la forme d’une guitare, mais une fois mère, elles deviennent dodues, rondes et éclatantes, avec une dentition d’une rare blancheur. Elles sont belles.

Une fois qu’elles auront terminé sa mise en observation initiatique, elles sortent avec le bébé, et tout le village vient soutenir la femme avec des présents. Des vraies princesses akan, qui foudroient tous les regards et mettent les hommes d’accord. Avec de telles corvées pour en tirer autant de substance, pourquoi, l’homme ne se mettra pas à lui obéir et prendre soin d’elle ?

 Ils ne sont pas racistes, répugnants, encore moins secteurs. Tout se fait en code chez les adioukrou. Ils sont très peu bavards et se battent pour exister avec leur tradition en l’état. Je les soutiens.

La particularité de ce peuple

Mettons le phare sur les jeunes hommes. De nature grands pêcheurs et grands nageurs, ils sont en bordure de la lagune pour certains et pour d’autres, à côté de l’océan atlantique. Ils vivent de la pêche et savent savourer le poisson avec l’attiéké. Un moment, un slogan avait été tiré d’une chanson qui disait que « Adioukrou mange attiéké sans boire de l’eau ». C’est n’est pas vrai. C’est parce qu’ils prennent tout leur temps pour manger avec élégance et charme, l’attiéké avec le poisson, que c’est vers la fin, ils boivent un peu d’eau pour accompagner les boules qui ne serrent pas leur gorge.

Ils pratiquent la fête de génération par classe d’âge. Quand une femme adioukrou met un garçon au monde, c’est une grande fierté. Autrefois où il y avait les poursuites et les guerres, ce sont justement ces jeunes qui partaient défendre leur patrie. On les appelle, les guerriers.

Quand il a ses 18 ans, tous ceux qui sont de cette classe d’âge, on choisit, une date, généralement, ce sont les grandes vacances. A cette fête, il n’y a pas de grands types, ni de hauts fonctionnaires. Les familles dépensent des sommes énormes pour les 7 jours que durera la cérémonie. Les gros pagnes Kita, les grosses chaines, tous les apparats sont achetés, souvent, ces achats se font au Ghana, dont ils sont issus.

Les jeunes pour qui, ces cérémonies sont dédiées, deviennent des princes. On les nourrit et ils doivent se changer plusieurs fois par jour pour montrer la grandeur de la famille. Ils doivent se laver trois à quatre fois par jour. Pendant ce temps, les tam-tams parleurs crépitent des sons pour alerter les esprits protecteurs qui sont présents. Aujourd’hui, c’est devenu, presque symbolique, voir touristique, puisqu’il y a des armées républicaines.

La maturité des hommes

Quand vint le défilé pour montrer la nouvelle classe de ces jeunes dont pour la plupart, sont des étudiants, c’est une démonstration spirituelle et magique. Les chants liturgiques qui sortent des voix mélodieuses des femmes, associés par les sons des tamtams parleurs, les esprits sont présents. On assiste à des transes, parce que ces jeunes sont badigeonnés de kaolin et de charbon avec des sabres à la main.

Ils doivent exécuter des pas de danse guerrière et souvent, quand ils sont en transe, leurs décors, composés des chaines, bracelets, bagues en or, volent en éclat et les parents attentifs, les suivent pour les rassembler.

La purification mettant fin à la cérémonie, à ces jeunes, le regard change désormais. Ils rentrent dans la cour des grands. Ils peuvent prendre part aux débats publics et souvent donner leurs avis sur des sujets. Ils sont autorisés à prendre la parole s’ils le désirent. Comme les jeunes filles, eux aussi, sont appelés à fonder des vies de famille.

Les adioukrou, sont croyants, mais ne sont pas tous des religieux.

Je voudrais rendre un vibrant à mes défunts tuteurs, Esmel Atchory Alexandre, sa femme Rosalie, qui m’avaient adopté et symboliquement, m’avaient autorisé à participer à cet événement qui m’a marqué à jamais. Ils ne sont plus de ce monde, je leur demande pardon, s’il y a eu des étapes que j’ai omis, mais je garde un précieux souvenir qui m’a forgé. Paix à leurs âmes et AKPA.

Pour la prochaine fois, nous parlerons de la fête des ignames à Abongoua.

                                                                                                     Joël ETTIEN

                                                Initié symboliquement, pour l’agni que je suis !     

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